29 sept. 2011

Les Samaritains.

La version Wikipedia.   ici     
Les Samaritains (autoethnonyme : Shamerim, qui signifie les observants ou ceux qui gardent3 ; en hébreu moderne : Shomronim - שומרונים, c'est-à-dire de Shomron, la Samarie ; ou « Israélites-Samaritains »4) sont un peuple peu nombreux se définissant comme descendant des anciens Israélites, et vivant en Israël et en Cisjordanie. On appelle parfois leur religion le samaritanisme.
Les Samaritains offrent le paradoxe d'être à la fois une des plus petites populations du monde, puisqu'ils sont 712 en 20071, et une des plus anciennes dotées d'une histoire écrite, puisque leur existence est attestée au Ier millénaire av. J.‑C. en Samarie. Ils ont dominé cette région jusqu'au VIe siècle, dans le nord de l'actuel Israël.
Leur religion est fondée sur le Pentateuque, comme le judaïsme. Cependant, contrairement à celui-ci, ils refusent la centralité religieuse de Jérusalem. Bien qu'ils soient apparus avant le développement du judaïsme rabbinique et que cette différence ne soit donc pas à l'origine de leur divergence, ils n'ont pas de rabbins et n'acceptent pas le Talmud du judaïsme orthodoxe. Les Samaritains refusent également les livres de la Bible hébraïque postérieurs au Pentateuque (Livres des prophètes et livres hagiographes).
Ils ne se considèrent pas comme Juifs, mais comme des descendants des anciens Israélites du royaume antique de Samarie. À l'inverse, les Juifs orthodoxes les considèrent comme des descendants de populations étrangères (des colons Assyriens de l'Antiquité) ayant adopté une version illégitime de la religion hébraïque, et à ce titre refusent de les considérer comme Juifs, ou même comme des descendants des anciens Israélites. Ils sont reconnus comme Juifs par l'État d'Israël.

Le mot « Samaritains » désigne les habitants d'un lieu géographique bien déterminé: la Samarie. La ville de Samarie fut construite par le roi Omri (886-875 av. J.-C.) qui donna à la ville qu'il avait bâtie le nom de Samarie (1 R 16,24). Un peu plus tard, la ville de Samarie donna son nom à toute la région qui l'entourait. C'est ainsi qu'au temps de Jésus, la Samarie constitue l'une des trois parties de la Palestine avec la Judée (au sud) et la Galilée (au nord).
     Bien qu'ils fassent parti du peuple choisi par Dieu, les Samaritains se distinguent nettement des autres Juifs. Sur le plan historique, certains événements contribuèrent à établir un fossé entre les Samaritains et les habitants de la Judée.
     L'opposition commence par le schisme de 935 av. J.-C. Le peuple hébreu se scinde alors en deux: le Royaume du nord et le Royaume du sud. Environ deux siècles plus tard, en 721 av. J.-C., les Assyriens s'emparent de la capitale de la Samarie pour mettre fin au Royaume du nord. À partir de cette date, la population samaritaine forme un regroupement de gens constitué d'Assyriens venus repeupler la Samarie et d'Israélites non déportés du Royaume du nord. Ces deux groupes se mêlent l'un à l'autre et il en résulte une « dilution » de leurs croyances religieuses respectives.
     Deux autres faits accentuent la division entre les Samaritains et les Judéens. D'une part, au VIe siècle av. J.-C., les Samaritains se construisent un temple sur le mont Garizim. Ce nouveau lieu de culte constituera un sanctuaire rival du temple de Jérusalem. D'autre part, en 166 av. J.-C., des troupes samaritaines se joignent à l'armée séleucide pour combattre Israël lors de la révolte des frères Maccabées: « Apollonius rassembla une troupe importante de Samarie pour faire la guerre à Israël. » (1 M 3,10)
     Au temps de Jésus, les Juifs considèrent les Samaritains comme des hérétiques (ils ne reconnaissent que les cinq premiers livres de la Bible), des schismatiques (en raison de leur temple sur le mont Garizim) et même comme des païens. L'Évangile selon saint Jean témoigne notamment de ces relations tendues entre Juifs et Samaritains. Ainsi, le dialogue entre Jésus et la Samaritaine rappelle que les Juifs n'ont pas de relations avec les Samaritains (Jn 4,9). De plus, les Juifs emploient le terme « Samaritain » pour injurier Jésus: « N'avons-nous pas raison de dire que tu es un Samaritain et que tu as un démon? » (Jn 8,48). Cependant, dans l'évangile selon saint Luc, Jésus rend hommage à un Samaritain. Jésus va même jusqu'à en faire un modèle de charité envers le prochain (voir Lc 10,25-37).
Daniel Montpetit
Source : Le Feuillet biblique 1498 (1993) page 2.


ou encore là


LES SAMARITAINS

Ce nom de Samaritain évoque dans notre culture chrétienne certains passages de l'Évangile. Nous identifions mal la population à laquelle il est ainsi fait référence et pouvons croire à une anodine allusion à un passé révolu. Et pourtant ! À l'aube du XXIème siècle, on trouve encore des Samaritains dans l'ancienne Palestine. Ils sont environ 700, dans les faubourgs de Naplouse et à côté de Tel-Aviv. Eux se disent héritiers du royaume du Nord quand, en 931 av. JC, Israël et Juda se séparèrent. Les juifs les rejettent, les estimant avec mépris descendants de " païens, " comme ils disent. Aujourd'hui encore, quand ils résident dans l'État hébreu moderne, sur les papiers d'identité des membres de cette minorité figure la mention " samaritain " et non " juif. "
Mais, dans le fond, qui sont les Samaritains ? Sur le plan religieux, leur judaïsme ne saurait faire de doute. Ils professent les lois et les croyances de cette confession. Mieux, ils pratiquent des liturgies tombées aujourd'hui en désuétude chez les juifs. Par exemple, tous les ans pour Pessah (la Pâque juive), ils égorgent des agneaux pour les sacrifier à Dieu. A ce titre, on pourrait les dire plus juifs que les juifs.
Des différences notables apparaissent cependant. D'abord, les Samaritains ne reconnaissent comme livre religieux que le Pentateuque, la partie de l'Ancien Testament allant de la Genèse au Deutéronome. En d'autres termes, ils s'arrêtent à Moïse.
Ils n'adhèrent pas non plus au Talmud (1). Enfin, ils ne font pas de Jérusalem, mais du mont Garizim, le centre de leur culte. Pour les célébrations pascales, ils se retrouvent chaque année sur cette éminence située au sud de Naplouse.
Les juifs interprètent ces divergences comme la marque de l'origine païenne des Samaritains.
Pour nous, ces différentes observations nous donnent à penser à une rupture surgie dans le passé. A un moment historique, quand Samaritains et juifs ont divergé formant deux branches d'une même religion. Reste à définir l'époque de la rupture.
On l'a vu, les juifs situent la divergence entre eux et les Samaritains après la division de l'État de David et Salomon, en 931 av. JC. Quand celui-ci se scinda en royaume de Juda, au sud, et Israël au nord, dont la capitale devint la ville de Samarie.

En accord sur ce point avec la Bible, l'Histoire situe la disparition du royaume de Samarie sous le roi Osée, au VIIIème siècle av. JC. Il fut vaincu par le monarque assyrien Salmanazar V et, selon les annales, 27 290 de ses habitants déportés en Mésopotamie. Des migrants venus des différentes régions s'installèrent alors en Samarie.
Dans ces conditions, le royaume de Juda restait le seul État juif et, estimait-il, le dépositaire de la tradition. Il faut en outre inscrire cette période dans le contexte de la compétition entre Israël-Samarie, au territoire plus fertile, plus riche par conséquent, et Juda, jaloux à l'endroit de ses coreligionnaires du nord.
Dans la Bible, le " Deuxième Livre des Rois, " œuvre des tenants de Juda, décrit les habitants de la Samarie conquise mêlés à des non-juifs et abandonnant la foi de Moïse. Ils y seraient revenus sous la pression du roi d'Assyrie pour échapper à une invasion meurtrière de lions. Par intérêt donc.
A l'analyse on comprend cette décision d'un roi non-juif peu crédible. On devine dans cette histoire une manoeuvre pour porter atteinte à l'image des gens de Samarie.
L'histoire continuant sa marche, le royaume de Juda tomba sous la férule des Babyloniens en 597 av. JC. Les "Judéens " furent à leur tour déportés en Mésopotamie où ils retrouvèrent les juifs de Samarie exilés un siècle et demi plus tôt.
Désormais répartis sur un domaine s'étendant de l'Iran à l'Égypte, les juifs risquaient de voir se dissoudre leur identité. A partir du IIème siècle av. JC, ils rédigèrent le Talmud. Du même coup, ils assimilaient des croyances nouvelles issues des religions mésopotamiennes et du monothéisme zoroastrien importé de Perse (2).
Évoqué plus haut, le rejet du Talmud (1) par les Samaritains est le signe du refus de ces juifs-là de tolérer les innovations acceptées par la majorité. Que les réfractaires fussent tous ou non originaires de Samarie n'y changea sans doute rien. Furent englobés sous la même appellation discriminatoire ceux qui refusaient les changements.
Voilà pourquoi il serait fort intéressant, de rechercher dans les textes sacrés samaritains les traces du judaïsme d'origine.

Jean Isnard
 
Lire La Suite...